de "Minnena ser mig" de Tomas Tranströmer à "Liberté de penser" de Walther von der Vogelweide

Jag har illamående sen igår morse och jag föll till jorden / Depuis hier matin j'ai des vertiges et ce matin je suis tombé par terre en sortant de la tente.

C'est en plus grand le malaise que j'ai eu le 6 juillet à la fin du premier et dernier jour de ma septième expédition à vélo.

Le médecin, que l'on a fait venir, m'a donné des fortifiants.

Il a aussi fait 6° cette nuit, et quand le corps a désappris à évoluer au dessus du Polcirkeln, il reprend froid quand il le veut. J'ai donc plié la tente pour habiter dans le stuga N°16.

En soi, c'est inquiétant, men jag can göra ingenting mot det, je ne peux rien faire contre ceci. Donc je prends mon livre de Tomas Tranströmer "Minnena ser mig - Les souvenirs me voient".

En trois mots nous montons de nouveau dans le monde de Tranströmer, mais aussi dans le monde du passé, le témoin de ce qui s'est vécu, sûrement sous de la lumière.

C'est l'âme suédoise. Ce n'est pas une nostalgie de Minnesänger, c'est un récit bilanaire, c'est tout.

Et c'est simplement en vous écrivant, ici, que je m'aperçois une fois de plus de la saveur des mots "minne" mémoire , "minnena" souvenirs, "jag minns" je me souviens, jag påminner je rappelle... en suédois, cette langue scandinave qui fait partie de la seconde branche de l'anglo-saxon. Comme germaniste je connaissais bien sûr le chant du Moyen Âge "Die Gedanken sind frei - Liberté de penser" du Minnesänger  Walther von der Vogelweide repris par Hoffmann von Fallersleben.

Et ici vous avez la version chantée par notre barde alsacien Roger Siffert et par tous les artistes de scènes actuels d'Alsace. Pour une fois que l'Alsace ne tombe pas dans son autocomplaisance misérabiliste et grossière habituelle, il faut le montrer. Un beau clin d'oeil de l'alsacien au suédois, langues apparentées. Et ici la version en suédois Din tanke är fri.

Vous remarquerez que les titres officiels de cette chanson changent d'une culture à l'autre de manière éclatante. En allemand, c'est un groupe nominal qui tombe ou qui tente une affirmation implacable. En français on utilise l'infinitif qui suppose qu'il y a quelqun derrière qui pousse.

En suédois on s'affirme en tant que personne dans un groupe, dont l'une confirme à lautre que "tes pensées sont libres". C'est bien sûr cette version qui me convient. Mais ceci montre aussi en simplement quatre mots le système consensuel démocratique des pays scandinaves.

En suédois on assume le lui et son soi. Et simplement avec dignité. De plus le lui est en premier, c'est toute l'âme scandinave de la connaissance de l'autre, du respect de l'autre. Si ce n'est pas vrai, c'est ma légende.

En allemand ou en français on pourrait éventuellement se calquer sur cette idée de produire de la pensée. En français nous avons la pire des distanciations qui laisse place à tout, à l'incapacite ou la capacité à penser, à de la non- implication jusqu'à l'autoritarisme. Ou peut-être à une demande d'autorisation de se mettre à penser? La France et les Belles lettres! La belletristique. Ma langue maternelle est vraiment affreuse.

Et du coup, j'ai mis deux heures à écrire ce billet, et Tomas Tranströmer a bronzé au soleil. Mais écoutez Tomas Tranströmer lire Blåsipporna - Anémones bleues.

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