Das Fagus Werk - Walter Gropius, le tout 1er bâtiment du Bauhaus de 1911
Par Thåmas le 2. octobre 2019, 10h21 - Catégorie : Hösten 19 - Det sjunde inseglet - Lien permanent
Bien que les villes de Weimar et de Dessau fêtent cette année le Centenaire du Bauhaus, c'est bien en 1911 que fût construit un bâtiment qui est composé de tous les éléments techniques et de style de ce mouvement appelé Bauhaus et initié par l'architecte Walter Gropius. Ceci est un petit clin d'oeil à mes anciens étudiants en Design et en Architecture. Aujourd'hui je suis pour la seconde journée de ma vie à la retraite et il paraît que je suis un senior.
Le Fagus Werk est classé Weltkulturerbe - Patrimoine de l'Humanité par l'UNESCO mais l'entreprise de formes à chaussures est toujours aujourd'hui le leader mondial dans ce secteur d'activité. Vous pouvez lire ici mes commentaires des années passées.
Vous remarquerez derrière les façades de verre les ouvriers qui travaillent et les escaliers typiques qui ont aussi inspiré les huiles de Oskar Schlemmer.
Depuis que j'ai vu un de ces escaliers du Bauhaus je ne peux plus jamais voir un escalier sans y penser. Regardez par exemple l'escalier de l'Université du Design et de l'Architecture à Umeå en Suède.
Le Bauhaus a su donner à la vie interne d'un bâtiment sa visibilité, sa lisibilité mais aussi sa verticalité justement grâce à cet escalier situé juste derrière la façade vitrée et sans mur porteur. Cette nouvelle dimension de l'habitant a justement beaucoup inspiré les peintres encore actuellement. Peut-être que le choix de l'exposition systématique de la verticalité de l'homme était en opposition aux cadavres gisants dans les champs de bataille de 14-18. Selon le Bauhaus, l'Homme qui monte et qui descend était un émerveillement à révéler. Pour un shaman de Laponie cet engouement à tirer l'Homme sur sa verticalité serait sûrement une connerie. Le shaman sait que l'Homme n'arpente ni l'horizontale ni la verticale du monde. L'Homme est au sein de l'espace et n'a pas à le border et à le saborder.
L'escalier devient fascinant et fait oublier en français la cage d'escalier ou le Treppenhaus en allemand qui est "maison de l'escalier", donc une maison cachée dans la maison où est fourbi un escalier.
Le Bauhaus est centré sur l'homme qui vit, qui bouge, qui travaille, qui monte et qui descend. Oskar Schlemmer a su donner avec ses tableaux l'excellence de l'Homme qui sait rejoindre par ses propres moyens le haut et le bas, et avec un courage d'à chaque instant. Dans le Bauhaus les peintures ne montrent pas d'horizons. On sent bien que Oskar Schlemmer s'appuie sur la dimension anthropologique de l'Homme pour révéler son occupation philosophique face aux éléments qu'il a construits. Le Bauhaus ne montre pas de peintures bucoliques de la nature et s'était totalement distancié du Jugendstil qui montrait aussi des mièvreries pseudo-érotiques.
"Der Mensch ist das Maß aller Dinge - L'Homme est la mesure de toutes choses". Une telle vision ferait hurler Greta Thunberg. Mais après la boucherie de la guerre mondiale de 14-18 un retour sur l'Homme était du côté allemand la seule nécessité vitale possible. Du côté français nous avions choisi la dérision surréaliste de Dada. Nous voyons donc que ce recentrage allemand sur l'homme a aussi conduit dans la société allemande très peu de temps après la création du Bauhaus à l'apurement des formes de l'homme jusqu'au nettoyage ethnique. C'est un comble de l'ironie puisque le Centre du Bauhaus à Dessau avait été fermé et évacué par les nazis. Je suis quasiment sûr qu'une analyse comme la mienne ne se trouve pas dans le Centenaire du Bauhaus.
La ligne de chemin de fer passe toujours derrière l'usine Fagus, il y a juste l'ICE qui tente d'être plus révolutionnaire que ce bâtiment, mais il n'y parvient pas.
Le design de cette montre est de Walter Gropius et date de 1920.