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31. octobre 2019

Das Haus der Arbeit de Walter Gropius

Ce billet est optimisé pour un écran 16/9.

Sous la République de Weimar l'économie allemande est en totale et brutale reconversion et passe aussi à la production de masse.

Un chômage de masse a conduit le gouvernement à lancer une politique de soutien au marché du travail et à créer des agences pour l'emploi dans le pays.
Celle de Dessau est construite 1928 par Walter Gropius et les bureaux sont agencés sur un demi-cercle.
Les 8 bureaux sont découpés comme des parts de tarte et chacun est chargé d'un corps de métier.

Il y a un sens de circulation fonctionnel pour les demandeurs d'emploi et comme à l'église les hommes et les femmes sont séparés!
Il y a des portes pour les hommes et des portes pour les femmes comme dans des WC.
C'est étrange pour l'esprit du Bauhaus qui se veut ouvert, radical et éloigné de toute forme de règles établies et de Conventions sociales.
Mais l'architecture du Bauhaus se veut absolument fonctionnelle et à une certaine idée de ce que doit être "l'Homme nouveau".

Tout près il y a sur une place publique un bronze de Karl Marx qui n'a pas été déboulonné depuis la réunification allemande.

Les briques ocres rappellent la Fagus-Werk.

Le toit est de verre et laisse passer la lumière.

 

 

 

 

 

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Das Bauhaus: die Meisterhaüser von Walter Gropius für Kandinsky, Klee, Schlemmer...

 

Ce billet est optimisé pour un écran 16/9.

Vous avez ici les explications sur le Bauhaus, sur son fondateur Walter Gropius, sur les Meisterhaüser - les Maisons des Maîtres.

Ce soir ma voiture est exactement garée en face de la Maison de Wassily Kandinsky et de Paul Klee dans la Ebertallee à Dessau.
Ca pourrait ne pas faire plus d'effet, c'est comme si je me garais à Strasbourg dans le quartier des maraîchers à la Roberstau avant le Château Pourtalès.

Ces Maisons ne vous impressionnent pas, tellement nous sommes habitués à en voir de pareilles partout dans des lotissements et que l'on construit toujours.
Les Meisterhaüser datent de 1926 et ont été construites par Walter Gropius.

Ce quartier était une "Künstler-Kolonie - Colonie d'artistes" comme il n'y en a plus jamais eue nulle part.
Artistes, peintres, architectes, musiciens, romanciers, poètes, artisans, joailliers, chorégraphes, metteurs en scène, ébénistes, métalliers, chaudronniers, photographes, cordonniers, et bien sûr des centaines d'étudiants, étaient tous plus fous, plus radicaux, plus révolutionnaires les uns que les autres dans cette République de Weimar qui a aussi été la première démocratie allemande.

En 1933 les nazis ont tout fermé par la force, le harcèlement, les jugements devant les tribunaux et les arrestations.
Les nazis n'avaient pas apprécié la liberté et l'émancipation intellectuelles du Bauhaus. Hitler était prêt.
En 2019, lors du Centenaire du Bauhaus les nazis et autres extrêmes droites qui ne mettent même plus de masque
gagnent en Allemagne aux diverses élections et professent avec exactement les mêmes termes les saletés nazies.
Même le ministre-président de la Hesse a été assassiné à Kassel il y a 8 mois par un terroriste d'extrême droite de la AfD.

Mais le tout premier bâtiment du Bauhaus date de 1911. C'est la Fagus-Werk, l'usine à formes à chaussures construite par Walter Gropius et que j'ai visitée au début de ce voyage.

Die Meisterhaussiedlung avancierte zum Inbegriff der Künstlerkolonie des 20. Jahrhunderts. Wegweisende künstlerische Arbeiten der Klassischen Moderne entstanden in den kubischen Wohn- und Atelierhäusern. Außerdem galt die Siedlung als eine Art Experimentallabor des Bauhauses für das neue Wohnen. Mit Walter Gropius, Hannes Meyer und Ludwig Mies van der Rohe lebten hier alle drei Bauhausdirektoren Tür an Tür mit den Bauhauslehrern Laszlo Moholy-Nagy, Lyonel Feininger, Georg Muche, Oskar Schlemmer, Wassily Kandinsky sowie Paul Klee. Später kamen noch Anni und Josef Albers, Gertrud und Alfred Arndt, Gunta Stölzl sowie Lou und Hinnerk Scheper dazu.  

 

 

Le navire des ténèbres de Gotland m'amène jusqu'à la Maison de Kandinsky! De Klee! De Schlemmer! C'est le délire.

 

Ici, à Dessau, lors de cette folie créatrice du Bauhaus, il n'y a pas eu à négocier l'avancement autour de la ligne du partage des mondes, du monde du dessus et du monde du dessous, le monde entier a été déconstruit pour interpeller toutes les faces ignorées de l'art.

Une telle fulgurance est unique, une fulgurance en un même lieu, rassemblant les Maîtres et les étudiants!

Chaque minute, chaque mètre, chaque son, chaque escalier et balcon étaient un événement.

 

 

 

 

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2. octobre 2019

100 Jahre Bauhaus 1919-2019

Pour le Centenaire du Bauhaus il y a au Fagus Werk une exposition dédiée à Walter Gropius, Wilhelm Wagenfeld et d'autres artistes et créateurs qui sont intervenus ou qui ont été des influenceurs majeurs. Le terme de designer est un anachronisme quand on parle du Bauhaus même si la modernité et l'intensité de leur engagement est le modèle pour tous nos designers contemporains.

La plupart de nos objets actuels de table comme d'ameublement sont toujours inspirés par le Bauhaus.

Le visage de Walter Gropius est partout.

La mise en œuvre et en abîme des couleurs primaires fait partie de la Charte Graphique du Bauhaus et Wassily Kandinsky a créé avec ces couleurs tout simplement l'art abstrait.

Walter Gropius a  réuni les architectes, les artistes, les ingénieurs, les artisans, les musiciens, les écrivains, les choréographes, les joailliers dans le Bauhaus. Ici nous avons un vélo Adler qui a dans le pédalier une boîte de 3 vitesses. Mon vélo Stevens a la boîte Pinion C.18 à 18 vitesses, et en 2014 j'avais été pour l'entreprise Pinion pilote d'essai avec mon trike quand j'ai rejoint pour la 1ère fois le Nordkapp. J'étais le seul en France qui avait fait adapter sur un vélo couché en 2013 un pédalier Pinion.

L'exposition au Fagus Werk s'appelle MUT, qui signifie Courage ou MOD en suédois.

C'est Oscar Schlemmer qui a créé le sigle du Bauhaus.

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Les lignes obliques et en équerre sont une grammaire graphique du Bauhaus. Vous verrez plus bas que mon vélo électrifié Husqvarna à moteur Shimano est dessiné dans l'esprit du Bauhaus.

Vous voyez qu'un berceau n'avait plus besoin d'être rose ou bleu pastel pour statuer sur le genre du bébé et le fixer dans son behaviour qui était attendu de lui pour bien arrondir le cercle social.

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Das Fagus Werk - Walter Gropius, le tout 1er bâtiment du Bauhaus de 1911

Bien que les villes de Weimar et de Dessau fêtent cette année le Centenaire du Bauhaus, c'est bien en 1911 que fût construit un bâtiment qui est composé de tous les éléments techniques et de style de ce mouvement appelé Bauhaus et initié par l'architecte Walter Gropius. Ceci est un petit clin d'oeil à mes anciens étudiants en Design et en Architecture. Aujourd'hui je suis pour la seconde journée de ma vie à la retraite et il paraît que je suis un senior.

Le Fagus Werk est classé Weltkulturerbe - Patrimoine de l'Humanité par l'UNESCO mais l'entreprise de formes à chaussures est toujours aujourd'hui le leader mondial dans ce secteur d'activité. Vous pouvez lire ici mes commentaires des années passées.

Vous remarquerez derrière les façades de verre les ouvriers qui travaillent et les escaliers typiques qui ont aussi inspiré les huiles de Oskar Schlemmer.

Depuis que j'ai vu un de ces escaliers du Bauhaus je ne peux plus jamais voir un escalier sans y penser. Regardez par exemple l'escalier de l'Université du Design et de l'Architecture à Umeå en Suède.

Le Bauhaus a su donner à la vie interne d'un bâtiment sa visibilité, sa lisibilité mais aussi sa verticalité justement grâce à cet escalier situé juste derrière la façade vitrée et sans mur porteur. Cette nouvelle dimension de l'habitant a justement beaucoup inspiré les peintres encore actuellement. Peut-être que le choix de l'exposition systématique de la verticalité de l'homme était en opposition aux cadavres gisants dans les champs de bataille de 14-18. Selon le Bauhaus, l'Homme qui monte et qui descend était un émerveillement à révéler. Pour un shaman de Laponie cet engouement à tirer l'Homme sur sa verticalité serait sûrement une connerie. Le shaman sait que l'Homme n'arpente ni l'horizontale ni la verticale du monde. L'Homme est au sein de l'espace et n'a pas à le border et à le saborder.

L'escalier devient fascinant et fait oublier en français la cage d'escalier ou le Treppenhaus en allemand qui est "maison de l'escalier", donc une maison cachée dans la maison où est fourbi un escalier.

Le Bauhaus est centré sur l'homme qui vit, qui bouge, qui travaille, qui monte et qui descend. Oskar Schlemmer a su donner avec ses tableaux l'excellence de l'Homme qui sait rejoindre par ses propres moyens le haut et le bas, et avec un courage d'à chaque instant. Dans le Bauhaus les peintures ne montrent pas d'horizons. On sent bien que Oskar Schlemmer s'appuie sur la dimension anthropologique de l'Homme pour révéler son occupation philosophique face aux éléments qu'il a construits. Le Bauhaus ne montre pas de peintures bucoliques de la nature et s'était totalement distancié du Jugendstil qui montrait aussi des mièvreries pseudo-érotiques.

"Der Mensch ist das Maß aller Dinge - L'Homme est la mesure de toutes choses". Une telle vision ferait hurler Greta Thunberg. Mais après la boucherie de la guerre mondiale de 14-18 un retour sur l'Homme était du côté allemand la seule nécessité vitale possible. Du côté français nous avions choisi la dérision surréaliste de Dada. Nous voyons donc que ce recentrage allemand sur l'homme a aussi conduit dans la société allemande très peu de temps après la création du Bauhaus à l'apurement des formes de l'homme jusqu'au nettoyage ethnique. C'est un comble de l'ironie puisque le Centre du Bauhaus à Dessau avait été fermé et évacué par les nazis. Je suis quasiment sûr qu'une analyse comme la mienne ne se trouve pas dans le Centenaire du Bauhaus.

La ligne de chemin de fer passe toujours derrière l'usine Fagus, il y a juste l'ICE qui tente d'être plus révolutionnaire que ce bâtiment, mais il n'y parvient pas.

 

Même  la poignée de porte des cabinets est un design de Walter Gropius.

 

Le design de cette montre est de Walter Gropius et date de 1920.

Cette nuit, reportage sur 1919-2019, le Centenaire du Bauhaus avec une 30aine d'images.

15. août 2018

det är ödet - c'est le destin - das ist das Schicksal

 

Hej Hej Marita,

wie gesagt, das Wort "Schicksalsschläge" ist in meiner story för mycket våldsamt - beaucoup trop violent.

Ich würde eher es so verfassen >>>
die  Verknüpfung unserer verflochtenen Lebens-Kreise, die wir fern vom Willen und Bewußtsein lebenslang aufbauen.

Die Sucher der Blauen Blume hatten auch keinen Begriff dafür. Schiller auch nicht.

Unser Leben gehört uns nicht und ist eine Verflechtung, in der wir gleiten und Wellen machen
und in der wir Wind abbekommen, auch wiederum von uns selbst, aber in einem höheren oder unteren Register.

Wir gehen nicht auf einer Kante, und mal ist das Gewicht auch nicht eher rechts oder links,
wir bewegen uns irgendwo auf einer Toundra, wo nichts markantes lenkt und wir trotzdem mit der Hand geführt werden.
Es gibt niemals eine Überschneidung der Kurven des Zufalls oder des Schicksals.

Das alles, um zu sagen, daß das Schicksal mir wieder während dieser neuen Sommer-Reise sehr oft zugewunken hatte,
und zuletzt habe ich eben zwei Tage später noch einmal davon erfahren, als ich schon Zuhause war.

mfG

Thomas

(Bild von links nach rechts: Igmar Bergman, Kunstwerk von Bertil Vallien, Schuhleiste aus dem Fagus-Werk)

 

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Som jag sa är ordet "ödetsslag" i min historia för mycket våldsamt.

Jag vill hellre säga det här >>>
Anknytningen av våra sammanflätade cirklar av livet, som vi bygger livslångt ifrån viljan och medvetandet.

Blåblommans Sökare hade ingen aning. Schiller också.

Vårt liv är inte vårt och är en sammankoppling där vi glider och gör vågor
och där vi får vind, även från oss själva, men i ett högre eller lägre register.

Vi går inte på ena knivsegg, och ibland är vikten inte höger eller vänster,
Vi flyttar någonstans på en Toundra, där inget särskiljande styr och vi är fortfarande ledda för hand.

Det finns aldrig ingen korsning av kurvor, tillfällighet och ödet.

Allt detta för att säga dig att ödet hade återupplivat mig under denna nya sommarresa,
och
äntligen har jag fått ett eko igen bara två dagar senare när jag redan var hemma.

mvh

Thåmas

11. juillet 2018

Das Fagus Werk - Walter Gropius - Le Bauhaus

Par le plus grand des hasards et des décisions du gps je suis de nouveau passé par Alfeld an der Leine où se trouve le tout premier bâtiment du Bauhaus, une usine à fabriquer des formes à chaussure en bois et qui est toujours en activité et qui est le leader mondial. Fagus signifie hêtre en latin. L'usine est de 1911 et c'est Carl Benscheidt, l'industriel, qui l'a fait bâtir.

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De l'autre côté de la voie ferrée se trouve l'usine Behrens qui fabriquait des formes à chaussure. Behrens n'ayant pas accordé à Carl Benscheidt la promotion qu'il revendiquait, Benscheidt avait alors démissionné et construit sa propre usine.

21. août 2017

Marias och Leifs Gästfrihet i Sturkö - L'hospitalité de Maria et de Leif à Sturkö

Comme je vous l'écris depuis le 6 juillet, il n'y a pas de hasard, ce n'est que le destin - Det finns ingen tillfällighet, det är bara ödet.

Le jour de mon premier départ, pour ce qui aurait dû être Nordkapp 3.0 ou ma 7ème expédition arctique à vélo, je rencontre à mi-chemin entre Strasbourg et Rostock, dans un hôtel à Göttingen un suédois de Kalmar qui était avec une Mercedes 170 de 1954. C'était la première personne à qui je parlais depuis Strasbourg. C'est lui qui m'a appris cette phrase en suédois sur le destin, et j'ai donné ce nom à mon voyage de cet été 2017, "det är ödet".

Puis lors de mon second départ le 22 juillet, mais cette fois-ci en MG, les premières personnes que je croise dans un autre hôtel de Göttingen sont de nouveaux des suédois. L'arrière-arrière-arrière... grand-père du propriétaire de ce second hôtel, Hotel Beckmann, toujours choisi à l'aveuglette sur booking.com, a tout simplement été à Upsala étudier chez Carl von Linné le célèbre botaniste et taxonomiste suédois qui a inventé l'appellation binomiale des espèces variétales et des races animales. Le buste en marbre de cet ancêtre est dans la réception de cet Hotel Beckmann.

Et chaque jour le destin, tout cet été, a continué à m'étirer du passé vers une nouvelle lumière, mais de manière chronologique. Un fin tricotage qui contient un sens malgré-moi. Il faut dire beau-gré moi.

Avant, encore en Allemagne, juste après Göttingen ma route choisie par le GPS m'a conduit à la Fagus-Werk, l'usine construite par Walter Gropius en 1911, qui est la première apparition du Bauhaus dans l'architecture industrielle. Et justement je fais tous les semestres un dizaine de cours de design et d'architecture sur le Bauhaus avec mes étudiants.

Et il y a eu la rencontre, tout autant fortuite mais tellement primordiale à Kleinströmkendorf am Salzhaff, de Thomas Petsch, constructeur des motos Munch Mammout, qui m'a recueilli dans son hôtel, alors que je sombrais dans le désespoir après l'abandon de ma 7ème expédition arctique à vélo dès le 1er jour de route. Thomas Petsch accompagnait avec simplicité son cancer, nous nous sommes dit pendant 5 jours d'échanges les choses primordiales et 6 jours après il est mort, mais en m'ayant donné le courage de relever ma tête.

Et cette rencontre avec le destin en a révélé plein d'autres. Car non loin de Kleinströmkendorf am Salzhaff, à Rostock où jai l'habitude de laisser ma vraie voiture dans un hôtel, il y avait l'exposition sur le peintre est-allemand, Wolfgang Mattheuer, que je connais au moins depuis 20 ans avant la Chute du Mur de Berlin. C'était un peintre dissident, mais qui a été suffisamment subtil dans ses tableaux, qu'il n'avait pas été extradé de la RDA. Selon ce peintre, "il avait peint des non-libertés, et après la Chute du Mur de Berlin, il avait toujours peint des non-libertés". En 1979 ou 81 j'avais exprès fait en DKW F12 de 1965 un aller-retour Strasbourg Kassel pour voir des peintures de Wolfgang Mattheuer. En rentrant, j'avais fait un serrage, c'était un 3 cylindres deux temps.

Et de fil en aiguille, je répète sur mon travelblog "det finns ingen tillfällighet, det är bara ödet" , parce que l'événement du jour en est à chaque fois l'illustration.

Ainsi, à Falun au camping, je trouve à la recepsjon une brochure sur le peintre Anders Zorn plus loin dans le nord à Mora. Or le 27 mai 2017 j'avais découvert ce peintre dont quelques tableaux illustrent l'un de mes billets de mon site d'analyse économique et financière www.renovezmaintenant67.eu .

Pas loin de Falun je découvre la maison où Carl von Linné s'est marié.

En descendant sur Karlstad je visite la maison du poète Gustaf Fröding. Mais à 600 kilomètres au sud, à Sturkö près de Karlskrona, le patron du camping où je suis actuellement est en parenté directe avec Gustaf Fröding.

Et pour faire cette route, je tombe, toujours enivré par le destin, directement sur une portion de la route faite l'été 2016 à vélo en remontant au Nordkapp pour la deuxième fois, puis une autre portion faite à vélo l'été 2011 en descendant de Kilpisjärvi et de Stockholm à vélo.

Je retombe aussi sur la manufacture de verre de Rosdala pour la 3ème fois, et sur le filmbyn de Pippi Långstrump pour la 2ème fois, tout ceci en laissant toujours le choix de me diriger à Google Maps, à booking.com et au portail SCR de réservations des campings en Suède.

J'avais donc raconté à Leif Svensson, le directeur de ce camping qu'il y avait il y a 40 ans, une suédoise, chorégraphe, Gunilla Lervik, que j'avais énormément appréciée. Leif a fait ses recherches et c'est une artiste bien connue en Suède qui habite toujours près de Göteborg et Malmö.

L'année dernière je suis passé à 5 kilomètres de sa maison à vélo, le 25 juillet encore une fois à 5 de sa maison en MG, et demain je quitte de manière anticipée le camping de Sturkö pour aller sonner chez elle.

Gunilla Lervik, que vous voyez en photo, est aussi artiste peintre et s'est donné comme tâche de reproduire sur des oeufs de Pâques / Påskägg toutes les scènes des tapisseries de Bayeux. Elle en a fait déjà le tiers. Moi-même je l'avais peinte à l'huile sur un grand tableau, quand elle avait dansé sur une scène à Strasbourg vers 1981. J'ai toujours ce tableau. Elle faisait de la chorégraphie moderne un peu à la Pina Bausch.

C'est une belle femme, j'aurais bien aimé vieillir avec elle. Je crois qu'elle a toujours beaucoup à raconter. J'ai l'impression que son visage a toujours fait partie de ma vie. Enfin son aspect actuel semble être familier de mon visage actuel et de mes visages passés.

C'est ce soir que Leif m'a donné toutes ces informations. Mais ce matin j'ai traduit de Tomas Tranströmer "Övergångsstället - Le point de passage", toujours simplement dirigé par la force de la rue du destin, cette rue qui m'entoure comme un essaim.

De ce livre de poèmes de Tomas Tranströmer de 485 pages je feuillette, me laisse attirer et je me lance dans la lecture, puis la traduction. Ce matin j'ai traduit en français et en allemand, je préfère la version allemande, de mes traductions. Mais rien ne vaut le suédois.

Ce destin qui m'étire du passé vers une nouvelle lumière. J'ai écrit tout l'été des dizaines de fois cette phrase, qui pour moi n'avait jamais rien de magique, mais qui n'était qu'une description bilanaire des instants composés par chaque jour.

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10. août 2017

Le poète Gustaf Fröding à Karlstad dans le comté du Värmland

När sorgen kommer, som när natten skymmer i vilda skogen, där en man går vill, vem tror på ljuset, som i fjärran rymmer, och sken som skymta fram och flämta till? På skämt de glimta och på skämt de flykta, vem tar en lyktman för en man med lykta?

Tröst – Gustaf Fröding

La seconde moitié était plus dure à traduire: "Quand la tristesse arrive comme quand la nuit obscurcit la forêt sauvage où un homme veut aller. Qui croit en la lumière dans des maisons qui brille comme dans un souffle coupé? Par plaisanterie elles clignotentent, par plaisanterie elles fuient. Qui prend un feu follet pour un homme avec une lanterne?

Feu follet = lykt + manne en norvégien, lanterne + homme.

Si vous me lisez depuis le début de cet été et même depuis les étés précédents, vous voyez qu'en si peu de mots, Gustaf Fröding associe aussi mouvement, lumière, volonté, croire, sauvage, fuire, aller vers, impression, illusion.

Ceci explique pourquoi la comète vue de la terre en janvier 2007 a été nommée Fröding.

Vous voyez que depuis trois semaines je développe l'idée des arrangements du destin qui me font croiser en Suède des chemins avec le mien dans une nécessité qui s'éloigne bien du hasard. Hier j'ai pu formuler au mieux en français et en suédois ma définition du destin qui ameuble mon esprit depuis si longtemps: "le destin, c'est l'étirement du passé vers une nouvelle lumière / Öde som sträcker sig från det förflutna in i ett nytt ljus."

Et voilà que mon voyage à l'aveuglette du Plan B de cet été 2017  me conduit maintenant à Karlstad sur Gustaf Fröding.

Dans l'Encyclopédie Universalis je trouve ceci au sujet de Gustaf Fröding: "Il y a du Baudelaire, du Verlaine, du Heine chez Fröding, poète suédois accablé d'une lourde hérédité, alcoolique instable et finalement terrassé par la schizophrénie. Mais tout compte fait, c'est à la Suède, à son Vermland natal qu'il doit le meilleur de son inspiration, quantité de ses thèmes et son extraordinaire musicalité. De là vient qu'il soit si mal connu à l'étranger, si malaisément traduisible aussi : encore bien plus que sa contemporaine Selma Lagerlöf, il est enfant de la Suède.

Le régionalisme demeure à ce jour l'une des sources d'inspiration les plus fécondes de la Muse suédoise, il nous vaut régulièrement de belles œuvres pittoresques et riches de chaleur humaine qui constituent certainement l'une des hautes originalités d'une littérature menacée sans cela d'inféodation aux grandes modes contemporaines. C'est à Fröding qu'elle le doit.

Fröding a su, dans de nombreux recueils de poèmes donner libre cours à un humour dru, directement jailli du terroir, qui est aussi l'arme dont il se sert contre le désespoir de ne pouvoir réconcilier les cruelles antinomies qui lui gâtent sa vision du monde, Humour ou parodies savoureuses: il prend ainsi ses distances vis-à-vis d'une réalité trop méchante. S'y ajoute un art parfaitement élaboré, fruit d'une remarquable maîtrise des possibilités plastiques et musicales de la langue suédoise où il faut voir, en profondeur, un amour intense de la vie naturelle, une joie d'exister hic et nunc, au-delà de la souffrance et du désaccord. Attitude pathétique et bien moderne qui exige toujours une double lecture du poème; derrière les servitudes de la réalité, au niveau de l'expression même et de l'insidieuse provocation des sons, persiste un chant invincible."

C'est dans mes cordes, que tout ceci. Je me sens apparenté à Fröding.

Je suis content que mon voyage à l'aveuglette de cet été me conduise vers les deux peintres suédois qui comptent le plus pour la Suède, Carl Larsson et Anders Zorn, et les deux auteurs sui comptent le plus pour la Suède, Selma Lagerlöf et Gustaf Fröding.

 

 

Gustaf Fröding passe aussi pour être le "poète maudit" puisqu'il a fini dans la démence et l'alcoolisme. Mais... Jean Sibelius, le compositeur finlandais a mis plusieurs de ses poèmes en musique. J'ai visité sa maison et son musée il y a deux étés près de Helsinki à Järvenpää. Je vous ai longuement entretenu les étés passés de Jean Sibelius, dont j'ai fait le portrait au crayon sur une toile cet hiver. Il n'attend plus que mes pinceaux qui ont du mal à repousser. Je m'imagine un tableau terminé avec Sibelius, Zorn et Fröding, cet hiver prochain pour accomplir mon voyage.

Et Edvard Grieg, le compositeur norvégien, a aussi mis Gustaf Fröding en musique. J'ai visité sa propriété et son musée près de Bergen il y a 8 ans quand je rentrais des Îles Lofoten en Hotchkiss de 1925.

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Vous avez compris qu'en ayant quitté la bicyclette comme vecteur de promotion arctique où la lumière a pris place à toute tristesse, à tout désaccord, j'ai changé de régime et suis entré dans les choses et la forme depuis la visite il y a trois semaines en Allemagne du Fagus-Werk construit par Walter Gropius en 1911 au début du Bauhaus. La nature n'a pas de forme, elle est, même si malheureusement nous passons par des mots pour la décrire et la réduire. Là haut, au-dessus du Cercle Polaire mon esprit n'était plus ameublé par des choses et surtout encore moins pas par des mots. Le Bauhaus s'est proposé comme une nouvelle forme occupante, orthogonale, de l'ameublement intérieur et extérieur, mais en tous cas pas en-dessous ou au-dessus des éléments, sauf peut-être Oskar Schlemmer avec son Ballet Triadique, dont j'ai vu l'exposition cet automne au musée Tadeusz Kantor à Cracovie, mais que je connaissais de bien d'avant.

Avec mes expéditions arctiques à bicyclette j'ai pu être en dehors de la forme, et n'est-ce pas, en pensant à ce que je découvre de Gustaf Fröding, une voie douce de contourner une schizophrénie?

Mes voisins de camping ont rapproché du parvis de leur roulotte tractée un ameublement qui fait apparaître et disparaître. Ceci doit être un univers où tout y est. Du désir à la puissance. Sans le désaccord.

 

9. août 2017

Zorngården och ateljé, en oas mitt i Mora

La propriété et l'atelier de Zorn, une oasis en plein coeur de Mora. Visitez >>> le site Anders Zorn

Je reviendrai encore souvent sur mon changement de régime. Pour aller au Cap Nord à vélo l'été dernier 2016 le temps n'existait pas pour moi une seconde sur mon expédition de 2865 kilomètres faits en 1 mois et 4 jours, avec 9 jours de pause inclus. Malgré l'effort physique je n'étais qu'une plume intemporelle et je n'avais plus de pensée. Cet été 2017 je n'arrive pas à avoir de notion de temps, du nombres de jours passés et des lieux où j'étais. Je dois consulter les dates et billets de mon travelblog. Je me sens comme un élastique sans savoir de quel côté je suis étiré. Au début de ce voyage, à cause des répétitions de coincidences de destins, j'ai plusieurs fois écrit que le destin m'étire du passé vers une nouvelle lumière. Avec toutes ces nouvelles choses que je vois, je me perds. C'est joli que tout ceci, mais j'ai encore plus vivement l'impression que mon corps et mon esprit ne sont pas une unité et qu'ils ne vivent toujours pas la même chose. Après la visite du Fagus-Werk du Bauhaus de Walter Gropius en Allemagne j'ai appelé ma descente du vélo "le retour à la forme", car la nature n'a pas de forme, elle est, et car les choses ne sont que des variantes orthogonales. Cet été je vois des choses. Comme c'est curieux. Ça flatte la personne civilisée.

Son atelier est à côté de la maison.

On n'y voit pas bien clair.

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28. juillet 2017

Le Vandalorum de Värnamo - Musée du Design et des artistes de Småland

 

On comprend bien que mes expéditions arctiques à vélo étaient une simple et seule conquête intérieure, le nez tourné vers les nuages, apportant l'ouvrage à la personnalité, mais handicapante à l'écart des réalisations de l'homme. Le moi avait pris la place du "noûs", à penser et à prononcer en grec.

Il ne faut de toute façon pas trop être arrangé pour effectuer 13.000 km tricotés en 6 étés sur le Cercle Polaire Arctique avec 2 fois le Cap Nord au bout des cycles, et même si le vecteur est flanqué sur une fuite ou une conquête à réaliser, il n'est jamais ni mensonge ni manoeuvre. Mais plus grande est l'échelle des aboutissements, plus grand est l'éloignement ou l'absence de chez mes contemporains. Je pense le mot "contemporain" en allemand "der Zeitgenosse" = l'appréciateur du temps, de celui qui est aussi apprécié par d'autres. Ainsi un expéditeur à vélo ou un stationnaire dans une ville ne sont pas à observer sur une échelle de valeurs. Chacun joue sa partie, celle qu'il peut. Avoir mal aux fesses à cause d'une selle de vélo qui meurtrit, ou avoir des escarres aux talons de la sédentarisation, sont de part ou d'autre des blessures de la vie, punkt och slut.

Pour être plus simple, suite à la sciatique et au découragement d'il y a 15 jours, j'ai renouė avec la contemporanéité grâce à l'automobile, une MG B de 1980, et avec Tripadvisor j'ai trouvé ce Vandalorum à 86 km au sud de Jönköping à Värnamo ( https://sv.m.wikipedia.org/wiki/Vandalorum ). C'est au milieu des champs. Avec le vélo je me serais arrêté le soir pour repartir tôt le matin dans les bois ou la toundra et je n'aurai juste pensé à rien, de jour en jour. Le vide boréal, une voute immatérielle sur du rien.

Depuis le Fagus-Werk du Bauhaus construit par Walter Gropius je ne cesse d'acquérir plein d'affiches pour mes étudiants en Design ou en Architecture. La Forme du Bauhaus avait exagéré en tentant de réaliser une mise en forme de l'homme tout en racontant qu'il veut l'émanciper et l'enrichir. Les artistes en ont voulu, mais pas les autres, même si en architecture le Modernisme en est toujours la norme. Un haut-de-forme flanqué sur nos têtes.

Je donnerai à ce voyage de vacances après mes promotions entre sapins et toundra le titre du "Retour à la forme". La nature n'a pas de forme, elle est. Ce n'est que notre langage qui lui attribue les variantes orthogonales. Ce retour permet de mieux apprécier la construction, et de toute façon comment tout ceci est tricoté par les signifiants et les signifiés, qui pour moi restent déjà jusqu'au moindre d'entre eux des prouesses. C'est partout une interlocution d'artiste, la forme et le mot qui l'entoure. Le langage est aussi un genre d'expédition arctique car, comme Sartre le pensait aussi, il ne restera jamais qu'une tentative superficielle de donner à nature et forme l'aspect qui nous ressemble le plus tout en lui restant étrange. Le designer Eero  Aarnio est qualifié en suédois de "homo ludens, den lekande människan / l'homme qui joue". Chacun joue sa partie qu'il peut >>> https://www.smalanningen.se/article/svens-oga-har-slutits/ .

Au petit déjeuner de ce matin j'étais assis pas loin d'un jeune suédois autiste. Ayant travaillé pendant 1 an avec des jeunes adultes autistes ou trisomiques, j'apprécie encore plus tout effort de langage, que j'observe du dedans comme du dehors, enfin telle est ma prétention. Donc toute forme de voyage ou de sédentarisation est un apprentissage sans réponse mais qui laisse des signes.

Une première exposition y est dédiée au designer finlandais Eero Aarnio né en 1932 et de réputation mondiale, sauf en France bien sûr ( https://eeroaarnio.com/ ). Il est l'inventeur du fauteuil en boule, le "Ball Chair / Kupla-tuoli / Åskbollen".

Une autre salle est dédiée aux peintres du comté du Småland, dont celles de Fredrik Lindqvist ( http://www.fredrik-lindqvist.com/ ) et d'autres.

Et ci dessous "Svenska Öga / L'Oeil de la Suède".

23. juillet 2017

Le Bauhaus / das Fagus-Werk de Walter Gropius

Aujourd'hui j'ai programmé au départ de Göttingen pour Lübeck Travemünde mon GPS pour éviter les autoroutes, et une fois de plus, det finns ingen tillfällighet, det är ödet / il n'y a pas de hasard, il n'y a que le destin.

Enseignant en allemand à Strasbourg aux étudiants le Design et l'Architecture, je fais tous les semestres des cours sur le Bauhaus, sur son fondateur l'architecte Walter Gropius. Et voilà que directement sur ma route je passe à Alfeld an der Leine où cette usine extraordinaire de formes à chaussures a été commandée par Benscheidt à Walter Gropius en 1911. On y voit d'emblée dans ce premier bâtiment "Bauhaus" de Gropius les éléments qui ont caractérisé le Bauhaus: la façade de verre, les encadrements en acier du verre, le toit plat, l'angle dissout en verre, les colonnes portantes intérieures, transparence et clarté, les formes simples orthogonales en cube où travail industriel et habitat devaient se montrer et où la lumière devait aller partout et ressortir de partout.

Cette usine qui est le monument du Bauhaus et l'origine du Modernisme en architecture est classée par l'UNESCO patrimoine de l'humanité et fonctionne toujours en restant concentrée sur son cœur de cible d'origine la forme de chaussures.

On y voit aussi du mobilier du style Bauhaus de Gropius, Breuer, Gerrit Rietveld... et à côté une machine pour tourner dans du hêtre (Fagus en latin) des formes de chaussure. Cette machine rappelle plus le monde de Zola de 1860 que le Bauhaus et le contraste a quelque chose d'angoissant.

Je vous ai aussi fait une photo d'escalier comme aurait pu le voir le peintre Oskar nSchlemmer dont j'ai vu à Cracovie en novembre dernier une rétrospective. 

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Certains font un selfie à la fontaine Castalie à Delphe pour y trouver l'inspiration poétique. Je ne pouvais pas faire un selfie dans cet escalier du Bauhaus dans le Fagus-Werk, parce qu'après Oskar Schlemmer un escalier ne peut plus qu'être arpenté par ses personnages en mouvement et qui ne bougent pas. Depuis Oskar Schlemmer un escalier n'est plus un escalier, mais un zone d'intemporalité où l'urgence de l'existant est imprimée et où il n'y a pas de passage.

On dit aussi que le concept du Bauhaus n'est pas pensé jusqu'au bout: il fait chaud en été et froid en hiver, c'est une hérésie climatique.

D'autre part, d'un point de vue social, politique et sociologique, le Bauhaus qui veut intégrer dans une anthologie  le travail à toutes formes d'art, ne peut pas non plus cacher sa peur face à l'ouvrier, qui doit pouvoir être surveillé sous tous ses angles pour le pousser au rendement et à la productivité.

Et la peur de l'individu auquel est refusé toute forme d'intimité dans un habitat, qui ne lui est attribué que comme une forme.

La cuisine y est fonctionnelle et il n'y a plus d'invitation à la préparation de mets pour gourmets, la femme y est promue ingénieure en cuisine. La cuisine de Gropius est une annonce de "la Cuisine de Francfort / Die Frankfurter Küche". Quand on regarde le mobilier de cuisine dessiné par Walter Gropius on se dit qu'une merde pareille ne se trouverait même pas chez Emmaüs.

Même si l'Ecole anthologique du Bauhaus de Dessau avait été fermée par une municipalité pro-nazie, Gropius l'avait dirigée d'une manière autoritariste et tous les artistes qui l'avaient suivi, Kandinsky, Klee... l'ont quittée tout aussi vite. Le Bauhaus intėgratif n'était en fait pas humaniste mais était un système.

La folie créatrice à été énormément nourricière pour tous les arts, et l'expérience du Bauhaus reste à ce jour la seule qui avait voulu et pu réaliser la coopération aussi étendue entre artistes, artisans, ingénieurs, travailleurs, architectes, habitants, écrivains, compositeurs, chorégraphes, typographes, scientifiques, industriels, danseurs, musiciens, etc.